Je l’ai aperçue. Comme un mirage lointain dont on hésite à s’approcher de peur de voir qu’il n’est pas réel. Aujourd’hui, je crois que j’ai vu de la lumière. J’écris ces mots prudemment, avec l’idée que si je m’emballe trop vite la rechute n’en sera que plus difficile. J’ai du mal à m’autoriser pleinement de savourer ces sentiments que je n’avais pas connus depuis des mois. Si je n’avais pas envie chaque jour de me jeter par la fenêtre, les jours de “mieux” étaient juste moins pires que les autres. Je n’étais plus vraiment triste ou angoissée, j’étais. Simplement, j’étais. Je vivais comme un robot, de manière automatique, comme on survit à chaque journée. Il y avait de petites joies, un bon repas, les sourires de ma fille, une blague de ma moitié. Mais dans le fond, tout cela me pesait. Je voyais bien que ça n’allait pas comme ça devrait aller. Que cela faisait des mois que je me forçais à faire semblant de tout, à donner le change. Que la vie n’avait plus vraiment de saveur, j’en avais perdu le goût. Je faisais les choses parce qu’il fallait les faire, mais ne prenait aucun plaisir en rien. Je n’étais vraie, entière et présente qu’avec ma fille. Je n’avais la force de ça que pour elle. Toute mon énergie y passait. Et quelque part mon instinct était mon plus fidèle allié, puisque l’amour maternel a toujours été une évidence depuis la naissance de ma fille. Ma tristesse et mes angoisses n’ont pas réussi à passer par dessus. Cette force, je l’ai toujours eue en moi. Mais alors comment peut-on devenir si forte, si épanouie en devenant maman, et si faible en même temps ? Comment la maternité peut-elle être si paradoxale ? Comment peut on aimer à en crever ce petit être qu’on connaît à peine, et être déchirée de l’intérieur par une force invisible qui nous entraîne toujours plus bas ? Pourquoi ? Tellement de questions, tellement peu de réponses.
L’espoir
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