J’ai l’impression que la maternité a modifié mon cerveau. Et je crois que je ne suis pas la seule maman chez qui cela se passe. En effet, plusieurs études sur les neurosciences ont démontré que le cerveau subit des modifications significatives chez la mère pendant la grossesse. Des changements qui permettraient d’augmenter notamment l’empathie chez la future maman, et notamment “la capacité de se mettre à la place des autres, à anticiper ou à deviner ses intentions”, selon un article du journal El Pais. L’idée n’est pas de vous proposer un article scientifique sur le sujet mais plutôt de faire part de mon ressenti. J’ai également lu que ce que l’on appelle la matrescence (contraction de maternité et adolescence), dont je parle beaucoup, peut durer jusqu’à environ deux ans après la naissance de l’enfant. Ma fille a 22 mois et je crois que je n’en ai pas encore fini avec cette matrescence. Allez, encore deux mois et c’est fini ? Non je ne pense pas que ça disparaisse du jour au lendemain. Je ne pense pas que cet état dans lequel on baigne depuis le début de la maternité se volatilise. Ce que je sais, c’est que mon cerveau s’est modifié, et que la maternité a ouvert une “case” de mon cerveau qui était alors endormie chez moi : celle de l’hypersensibilité. Je pense que j’ai toujours été quelqu’un de sensible. Petite, à l’école, on disait que j’étais timide, je rougissais dès que l’on s’intéressait à moi, et prenait à coeur la moindre remarque que l’on pouvait m’adresser. Un simple mot de travers de la part d’une maîtresse et je ressassais cela pendant des semaines. Aujourd’hui encore, les paroles des autres peuvent avoir un impact considérable sur ma vie. Mais maintenant que je suis maman, tout cela s’est amplifié à un point que je n’aurais jamais pu imaginer. Les pleurs de ma fille me bouleversent toujours autant que depuis qu’elle est née, le moindre bobo qu’elle se fait me retourne les tripes, et si elle ne peut pas faire sa sieste alors qu’elle est fatiguée et devrait la faire, c’est la fin du monde. Je me mets dans tous mes états, stresse, et m’acharne à tout faire pour qu’elle dorme. J’ai l’impression de vivre tout cela avec une intensité extrême, et lorsque ce tourbillon d’émotions se calme, c’est à dire, lorsque ma fille est enfin endormie, ou qu’elle n’a plus de bobo, et que tout redevient normal, et je peux enfin me remettre à respirer. J’ai l’impression qu’on vient d’enlever un sac de pierres de 20 kilos de mon dos et que je me sens enfin légère, libérée de ce poids qui compressait ma poitrine. Je peux passer d’un état de panique ou de détresse à la plus sereine des émotions en l’espace de cinq minutes. C’est comme si ma fille et moi étions reliées, physiquement, et que je vivais chacune de ses émotions de la même intensité que la manière dont elle le vit.
(A suivre…)
