Accueil » Le choc de l’expatriation

Le choc de l’expatriation

by Paulinedesîles
38 views

C’est en triant les vêtements d’Alice bébé que je me suis replongée dans tous ces moments forts de notre vie à Maurice. Elle avait l’âge de Louisa lorsque nous nous sommes installés sur cette petite île au milieu de l’Océan Indien. 14 mois. Un bébé, notre premier. On débarquait comme ça, sans savoir ce qu’on faisait réellement, sans savoir dans quoi on s’était embarqués. On était un peu fous je crois, mais n’est-ce pas notre plus grande qualité ? “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait”. C’est tout nous.

Eglise de Cap Malheureux

En janvier 2020, on débarquait à Maurice, avec nos valises, notre lit parapluie, poussette, et bébé sous le bras. On avait dit au revoir à notre vie dakaroise, au Sénégal, à nos amis restés là bas, et à notre famille restée en France. C’est toujours un déchirement de partir, mais une excitation immense de mettre les pieds dans l’inconnu. L’aventure commençait. On n’avait rien sur place, à part une jolie maison réservée sur Airbnb qui nous servirait de pied à terre le temps de trouver un logement à plus long terme.

Après plus de trois ans à rêver à cette vie, voilà qu’aujourd’hui elle était devant nous, enfin, nous étions devant elle ! Comme quoi, il faut croire en ses rêves, et se donner les moyens de les réaliser. Ca n’a pourtant pas toujours été facile, car s’installer dans un nouveau pays est toujours un chamboulement dans une vie, pour ma part l’un des plus grands que j’ai connu après la maternité. Il faut tout recommencer à zéro, prendre ses marques, trouver ses repères, ses habitudes, remettre en place une routine, se faire des amis, des contacts professionnels… Pour ma part, le plus déstabilisant aura été le manque de repères en arrivant. Autant en voyage je trouve ça super excitant de découvrir et partir à l’aventure, autant en arrivant à Maurice avec notre petite Alice sous le bras, je n’avais qu’une envie, c’était de retrouver une routine avec elle, pouvoir retrouver les produits dont j’ai l’habitude pour la cuisine, quelques jouets pour qu’elle s’amuse avec à la maison, des affaires pour décorer sa chambre. Bref, j’avais besoin de faire mon nid pour me sentir bien. Je n’avais pas envie de partir à l’aventure tant que cela ne serait pas réglé. Et ça allait prendre du temps. C’était sans penser que le covid allait débarquer un mois et demi après notre arrivée et nous forcer à mettre tout cela en pause pendant deux longs mois de confinement.

Confinement dans un nouveau pays

Notre Airbnb, nos quatre valises, Alice et nous, avons donc vécu ce premier confinement sans avoir vraiment eu l’occasion de découvrir notre nouvelle terre d’accueil. Je pense avec le recul que nous ne l’avons pas vécu aussi mal que ce qu’on aurait pu penser, car nous n’avions aucune idée à l’époque que cela durerait si longtemps, et qu’on y retournerait encore un an après ! “Un jour après l’autre”, c’était notre crédo pour tenir. On a organisé des pique niques dans le jardin, pataugé dans la piscine, fait du jardinage, une chasse aux oeufs, du body painting, du pain maison (qui ne l’a pas fait hein ? 😅), des tours de quartier, des heures de queue pour aller au supermarché… Je suis consciente que les conditions dans lesquelles nous avons vécu ces confinements étaient évidemment privilégiées : une maison de taille plus que convenable, un joli jardin, du soleil… Cela a clairement facilité les choses dans notre quotidien confiné avec un bébé de 16/18 mois.

Le retour à la vie normale en juin 2020 a été plus qu’apprécié. Réouverture des plages, des écoles… Alice a pu retourner à la crèche et nous avons pu enfin commencer à nous installer dans cette nouvelle vie, presque 6 mois après notre arrivée !

J’ai eu la chance de trouver le job de mes rêves à la sortie du confinement, ce qui a tout de suite créé une nouvelle dynamique dans cette nouvelle vie. Gab n’a, de son côté, évidemment pas chômé, et a monté son entreprise en parallèle. Nous étions enfin lancés ! Cependant, il ne faut pas croire que tout cela s’est fait de manière fluide et sans stress, bien au contraire.

Apprivoiser sa nouvelle vie

created by dji camera

J’avais l’impression d’être là sans vraiment être là, j’avais la sensation que cette vie n’était pas la mienne, que ma vie à moi, elle était à Dakar, là où j’habitais ces cinq dernières années. Que Maurice était une petite amourette de passage, mais que cela n’allait pas durer. J’avais donc souvent ce sentiment d’être à côté de mes pompes, ce spleen qui me rattrapait souvent. Pourtant, on l’avait choisie cette vie. J’ai compris par la suite, en lisant beaucoup sur le sujet de l’expatriation, qu’il fallait en général un an pour se sentir chez soi dans un nouvel environnement. Alors si vous venez de déménager et que vous êtes au fond du trou, ne vous inquiétez pas, c’est normal, laissez le temps faire son oeuvre. Si j’avais su cela à l’époque, j’aurais certainement moins culpabilisé et mieux vécu cette nouvelle aventure. Et finalement, cette vie qui ne me semblait pas être la mienne, qu’il m’a fallu du temps à apprivoiser et à apprécier à sa juste valeur, fut ma vie pendant près de trois ans, une vie douce et bien remplie : nouveau travail, nouveaux amis, nouvelle routine et nouvelle vie de famille qui s’installe, d’abord à trois, puis à quatre, avec l’arrivée de notre petite dernière, Louisa. Mais ça, c’est pour un prochain article 🙂

Vous aimerez aussi

1 comment

Vivre sur une île : du rêve à la réalité. Mon expérience après trois ans à l'île Maurice - 27 avril 2023 - 15 h 41 min

[…] l’adaptation dans un nouveau pays a pris du temps (j’en parle d’ailleurs dans cet article). Tout cela alors même que j’étais en plein bouleversement identitaire suite à mon entrée […]

Reply

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :